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← articles plus anciens 13 mars 2018 epilogue : l’affaire de tarnac, dix ans de procédure, 250 morts « maybe we should always assume the worst » ( fight club , chuck palahniuk, 1996) près de quatre ans depuis la publication du dernier épisode de « tarnac, une instruction française ». quatre ans pour qu’un procès ait lieu – il débute mardi 13 mars au palais de justice de paris, sans la qualification terroriste , sans deux des mises en examen, qui ont bénéficié d’un non-lieu à l’instruction (aria t. et gabrielle h.), sans le sabotage à vigny (moselle) , sans même l’association de malfaiteurs pour quatre d’entre eux (mathieu b. et benjamin r., poursuivis uniquement pour refus de prélèvement biologique, manon g. et christophe b., poursuivis uniquement pour les supposés faux documents retrouvés dans un appartement à limoges ). ne reste que le sabotage de dhuisy (seine-et-marne) et une manifestation à vichy (que tout le monde avait un peu oublié, sauf nos lecteurs attentifs), si l’on doit résumer un peu vite l’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel. et beaucoup de fantômes : michèle alliot-marie, jean-claude marin, thierry fragnoli, bernard squarcini, la sdat pour l’ensemble de son oeuvre, alain bauer ( qui relève probablement d’une autre couche de réalité, puisqu’il est absolument immortel et insubmersible )… quatre ans après la fin de l’instruction, dix ans après l’ouverture de l’enquête préliminaire , neuf ans et demi après les interpellations , il serait donc facile et commode de ranger l’affaire et son procès dans le placard des « fiascos judiciaires » français, avec tous ces fantômes plus ou moins oubliés. on se dirait que ça arrive, après tout, que c’est inévitable. a chaque génération, il y aurait une affaire comme celle-là. une affaire qui défie les règles du bon sens et les forces de la logique. et on l’appellerait « fiasco judiciaire ». et puis on passerait à autre chose. bégaiements alors quel sens cela a-t-il encore de parler de l’affaire de tarnac ? qui se souvient de l’affaire de tarnac ? dix ans après, le paysage, qui pourrait sembler à première vue bouleversé – entre-temps, près de deux cent cinquante personnes sont mortes à paris, nice, saint-denis, toulouse, l’état d’urgence a permis à des milliers de petits tarnac d’exister (on casse la porte d’abord, on réfléchit après… ou pas du tout) -, reste étrangement proche de celui de cette année 2008. la police poursuit son fantasme d’une résurgence d’action directe. les responsables politiques tentent toujours de saisir une « mouvance » qui leur échappe comme une savonnette sous la douche. l’actualité bégaye. la « menace de l’ultragauche » ? dans un relais dont le témoin n’a jamais chuté, elle est passée politiquement de michèle alliot-marie à manuel valls puis à gérard collomb . et elle est toujours bien vivante dans les médias ( ici ou encore cette belle réussite, là …), merci bien. les ratés et les maquillages des services de renseignement ? du pv104 à saint-etienne-du-rouvray , il y a comme un petit air de famille. et le parquet ? celui de paris a défendu, jusqu’au bout, la qualification terroriste – car s’il ne trouvait rien à redire à la déclaration de toute-puissance du juge d’instruction lorsque thierry fragnoli défendait le caractère terroriste des faits , il a moins bien vécu le diagnostic opposé de sa successeure jeanne duyé . les autres procureurs, sans aller jusqu’au terrorisme, s’emparent toujours volontiers de la très pratique « association de malfaiteurs » pour poursuivre manifestants et militants. les lenteurs de la justice française ? comme le rappelait yildune lévy sur france inter lundi, elle a passé un tiers de sa vie sous contrôle judiciaire et sous surveillance. ça vaut aussi pour les autres mis en examen. le tout pour finir donc, on le répète, pour deux d’entre eux par un non-lieu et pour deux autres par des poursuites pour refus de prélèvement d’adn, c’est-à-dire un délit « créé » artificiellement par leur interpellation et leur garde à vue (qui n’ont elles-mêmes permis de révéler aucun délit ou crime). durant le procès, la justice va pouvoir continuer, pendant quelques jours, à chasser le spectre d’une saison bénie où le terrorisme, c’était un livre. au fond, policiers, magistrats, politiques, peut-être sont-ils tous pressés, de toute façon, de revenir à cette époque « d’avant » où le tragique du terrorisme cédait le pas au tragicomique de l’antiterrorisme. sans en avoir jamais tiré les leçons. laurent borredon publié dans actualité | marqué avec adn , antiterrorisme , police , sdat , squarcini , tarnac , terrorisme | 21 commentaires 08 août 2014 dernier épisode : ascenseur vers le renvoi episodes précédents : après le sabotage de trois lignes tgv le 8 novembre 2008, julien coupat et huit de ses amis, ont été mis en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. pendant cinq ans et demi, la sdat a mené l'enquête, d'abord sous l'autorité du juge thierry fragnoli puis de jeanne duyé. début 2014, l'instruction s'achève. 12 hommes en colère – part 5 by anonymthinker «pourtant, je dois le dire, dans l’application pénale, les incertitudes naissent. quand de funestes et déplorables violations de la paix publique donnent lieu à des poursuites juridiques, rien n’est plus difficile que de préciser les faits et de proportionner la peine au délit. tous nos procès politiques l’ont prouvé. quoiqu’il en soit, la société doit se défendre. je suis sur ce point pleinement d’accord avec vous. la société doit se défendre, et vous devez la protéger. ces troubles, ces émeutes, ces insurrections, ces complots, ces attentats, vous voulez les empêcher, les prévenir, les réprimer. soit ; je le veux comme vous. mais est-ce que vous avez besoin d’une pénalité nouvelle pour cela?» victor hugo, discours à l’assemblée législative sur un projet de loi sur la déportation, le 5 avril 1850 c’est le dernier épisode, mais pas la fin de l’histoire. au terme de 50 posts de blogs, nous voilà arrivés à ce que les avocats et les magistrats appellent un « article 175 »: la juge signifie aux parties et au parquet la fin de l’information judiciaire*. nous sommes le 14 avril 2014 : « en application des dispositions de l’article 175 du code de procédure pénale, je vous avise que l’information me parait terminée et qu’à l’issue des délais prévus par cet article, l’ordonnance de règlement pourra être rendue, conformément aux dispositions de l’article 184 du code de procédure pénale, au regard des réquisitions du ministère public et des observations qui m’auront été adressées par les parties. » ce n’est pas la fin de l’histoire, car les mis en examen et leurs conseils ont déposé treize demandes d’actes pour demander des auditions, reconstitutions, expertises qui leur paraissent nécessaires. la juge d’instruction en a déjà rejeté dix, les mis en examen feront peut-être appel. et la loi est ainsi faite que les parties doivent impérativement respecter un délai de trois mois pour déposer ces demandes sous peine de nullité, mais que le parquet, lui, peut faire traîner ses réquisitions pour attendre d’avoir toutes les cartes en main, puisqu’aucune sanction n’est prévue s’il déborde du même délai de trois mois. une fois les réquisitions prises, le magistrat instructeur doit attendre un mois pour rendre son ordonnance. « une mouvance dont la finalité est la destruction de la société » le but est d’avoir le dernier mot. qui va avoir le dernier mot, dans l’affaire de tarnac ? pour l’instant, il y a celui de yildune lévy, lors de son interrogatoire du 23 janvier : « depuis cinq ans, cette affaire colonise mon existence. » il y a celui du parquet de paris, dans des réquisitions du 12 décembre 2012 sur une demande d’octroi du statut de témoin assisté à julien coupat : « dès lors, contrairement à ce qu’indique la défense de julien coupat, ce dernier apparaît dans la procédure d’information clairement lié à une mouvance dont la finalité est la destruction de la société, mouvance